The Bad Plus - Suspicious Activity?

Nouvel album des Bad Plus la semaine passée. Pour ceux qui ne les connaissent pas, c'est un trio qui fait dans le free-jazz mais aux accents rock très marqués. Cela fait bien l'affaire des rockeurs qui apprécient plus particulièrement leur virtuosité mais pas vraiment celle des puriste de jazz qui voient ça comme une hérésie. (Il me semble que j'ai déja dit ca non ?) Ils sont sur Sony Music maintenant, ça j'aime moins ça un peu mais bon, ça permet tout de même de les apprécier pour pas trop cher...

Sur cet album donc, ils continuent sur la lancée de leurs deux précédents. Malgré que le ton général m'a semblé plus rock. Les mélodies semblent plus figées, moins improvisées. Le fait aussi qu'ils ne reprennent qu'une seule chanson constitue une différence marquante par rapport aux deux derniers albums. Parce qu'en fait, l'approche habituelle d'un amateur des Bad Plus voulant faire découvrir le groupe à ses amis se résumait à leur lancer : "Écoutes ca ! Une version jazz de Smells Like Teen Spirits! (album : "...Vistas")" ou bien Ironman de Black Sabbath (album : "Give"). Vendu d'avance je vous jure...

Geezer Butler, bassiste de Black Sabbath à d'ailleurs déclaré récemment que c'était à ce jour, la meilleure reprise d'Ironman. Je ne peux qu'être d'accord avec lui. Leurs autres reprises étaient "Velouria" des Pixies, "Heart of Glass" de Blondie et "Street Woman" de Ornette Coleman. On pouvait donc les catégoriser comme "le-band-de-jazz-qui-reprend-des-tounes-de-rock". Disons que le fait de mettre moins l'accent sur les reprises nous fait plus apprécier les compositions originales du groupe à leur juste valeur.

Quand je parlais de virtuosité, c'est surtout ça qui ressort. C'est un album tout à fait impressionnant de la première chanson à la dernière. Et en tant que drummer, je peux vous dire que le travail de David King à la batterie est absoluement incroyable...sans rien enlever aux deux autres membre du groupe. Il faut d'ailleurs spécifier que la presque totalité de l'album est enrigistrée "live".

Ce qui est le plus impressionnant, c'est à quel point le groupe réussit, sur plusieurs chansons, à sortir d'un chaos musical indescriptible et raccrocher sur une structure bien établie, sans aucun avertissement. Sur ce point, il FAUT absoluement entendre le travail de King sur "Knows The Difference" : ces gars là ont un métronome de greffé dans la tête c'est sur. La toune est plutot douce, sauf le batteur qui reste sur un solo constant de 7 minutes. Sincèrement, j'sais pas comment ils font...

Un autre point fort est la chanson d'ouverture. La recette ? Prenez une Nocturne de Chopin, ajoutez une contrebasse et laissez jouer un pianiste parfois hyperactif. Ça donne l'excellente et plutôt mélancolique "Prehensile Dream".

La reprise, "(Theme From) Chariots of Fire" est un autre très bel exemple du grand talent du groupe dans la dissection et la déconstruction d'un grand classique. Dans ce cas, la méthode rappelle l'émission "Cour à Scrap". On finit toujours par être impressionnés du résultat final, peu importe quels rebuts tout rouillés l'équipe avaient sous la main comme matière première. Ça rapelle aussi "Transformations extrêmes" ça non ? (ouf, c'est rough ça...;)

"The Empire Strikes Backwards" est un autre hit qui porte assez bien son nom. À titre de comparaison, je serais curieux d'entendre un vinyle de la trame sonore de "Star Wars" tourner à l'envers en accéléré. Ça ressemblerait probablement pas mal à ça...

L'album est selon moi un peu moins accrocheur que "These are the Vistas" ou "Give". En fait, il se laisse apprécier plus tranquillement que les deux autres. Ce n'est pas un point faible, loin de là, j'ai bien du me le taper dix-douze fois cette semaine, tout en essayant de percer les mystères des tempos jazz plutôt complexes. Je ne lâche pas...

Note : 7.5/10 (hey, c'est bon 7.5/10, checkez mon échelle ;)

J.-M.